30 Septembre 2014
Pékin est réputée pour ses habitations traditionnelles appelées ‘Hutong’. A Shanghai, cet habitat, très différent, se nomme ‘Lilong’.
Le Lilong est un ensemble d’habitations que l'on peut apercevoir dans différents quartiers de la ville. De la rue on distingue parfois le départ d'une ruelle autour de laquelle se distribue un grand nombre de logements: c'est l'entrée d'un Lilong, parfois délimitée par une grille et l'on n'ose à peine y entrer si l'on ne sait que cet espace est en fait ouvert à tous. A l'intérieur, les unités d'habitations sont caractérisées par des portes aux encadrements de pierre, les ‘Shikumen’.
Les Lilongs ont été batis en grand nombre après le traité de Nankin (1845) qui a permis aux concessions étrangères de renforcer leurs droits et leur présence à Shanghai, et sont témoins d’un véritable métissage entre la Chine et l’Occident. Leur construction a connu son apogée vers 1920-1930 en réponse à une population de plus en plus importante venue des campagnes pour travailler à Shanghai. Les maisons se sont divisées et aménagées au cours du temps pour abriter parfois jusqu’à 8 familles là où elles n'en contenaient qu' une seule au départ. Sous Mao, les Lilongs ont tous été pourvus en électricité et eau courante mais les toilettes restent encore publiques.
Chaque Lilong abrite un groupe social ou une communauté et porte un nom comme par exemple « Lilong du bonheur », « Lilong de la joie éternelle »…Les logements s’alignent en ‘arêtes de poisson’ le long d’impasses distribuées d’Est en Ouest et les portes d’entrées sont toujours face au soleil. (Le nord n’est jamais symbole de bienvenue en Chine !). Une fois franchie l’entrée du Lilong, le kiosque du gardien et le coiffeur, on pénètre dans l’espace partagé des habitants avec des éviers, des paillasses, des séchoirs à linge, des fauteuils, des vélos… Quantité de fils électriques, climatiseurs et autres tuyaux courent sur les murs car il faut libérer un maximum d’espace à l’intérieur. On y voit les gens jouer au majhong, éplucher les légumes, laver le linge, faire leur toilette… Evidemment on déambule discrètement même si l’on sait qu’ ici vie publique et vie privée sont intimement liées.
Depuis quelques années Shanghai connait un véritable bouleversement immobilier et ces habitations disparaissent en masse. Elles ne représentent aujourd’hui que 15% de l’habitat. Certains Lilongs étouffent sous le nombre d’habitants, ne supportant plus la vétusté ou l’insalubrité. Le gouvernement, propriétaire à 90%, offre aux locataires de nouveaux logements plus spacieux en banlieue mais certains s’y refusent. En même temps nait à Shanghai un certain intérêt des classes aisées pour ces habitations mais cela s’accompagne évidemment d’une hausse des loyers qui exclue les anciens locataires.
Ainsi, comme l’écrit Jérémy Cheval dans son petit guide « Lilongs-Shanghai » : le lit de toitures que formaient autrefois les lilongs vus d’avion continue de se réduire, mais il reste cependant le signe d’un habitat discret et vivant, aux typologies variées, témoins unique de l’humanité et de l’histoire particulière de la mégapole mondiale qu’est devenu le grand Shanghai »
Entrée d'un Lilong célèbre: Cité Bourgogne.
Autres entrées de Lilong
Balade dans les ruelles...
Les éviers sont souvent à l'extérieur
La cohabitation implique de partager et s'il n'y a qu'un seul evier on installe plusieurs robinets (chacun son eau!)
Les fameux "shikumen", portes d'entrée de chaque habitation.
Au delà du "shikumen"...souvent une petite cour ou bien la cuisine commune.
Beaucoup de résidents!
Des habitants agés pour la plupart...
aux activités diverses
Quelques détails insolites
On essaie au maximum de gagner de la place...
Parfois l'espace se transforme en zone de commerce
Jusqu'à devenir un véritable espace touristique comme à Tian Zi Fang (Taikang Lu)
La rénovation est parfois en marche...
certains architectes s'inspirant même de ces lilongs dans leur construction...
...mais c'est plus souvent le tsunami de la destruction...